Le Sud-Ouest : entre fjords et glaciers

· MILFORD SOUND OU MILFJORD ?

Après un réveil sous un ciel immaculé et un petit-déjeuner au Bluff, le Bluff a eu raison de notre appareil photo. Et ce n’était pas un coup de bluff, pas moyen de le réparer malgré une tentative désespérée. Nous avons donc rendu hommage à ses loyaux services, sur ces sept derniers mois et plus de 15000 photos réalisées, et l’avons remplacé par le même modèle, trouvé après quelques recherches dans la ville d’Invercargill. Au grand regret de Charlotte, nous avons abandonné le version « gold & girly » pour la version noire, « sérieuse et virile ». Merci petit appareil photo pour tous tes superbes clichés !

Passé ce moment difficile et couteux, mais cela fait aussi partie du voyage, nous nous sommes octroyés un moment de détente à… la piscine d’Invercargill, ou plutôt Splash Palace, un nom vraiment prometteur. Après quelques splashs donc, un peu de jacuzzi et une petite séance sauna, nous avons pris une très agréable douche chaude, avant de se mettre en route pour Fjordland. Nous n’inventons rien, c’est bien le nom de la région du sud-ouest de la Nouvelle-Zélande, Fjordland ou le pays des fjords. Autant dire qu’on était surexcité.

La route d’Invercargill à Te Anau (la porte de Fjordland) est renversante. On découvre derrière les collines les montagnes qui se découpent en arrière-plan à perte de vue. C’est vraiment ce que l’on s’imaginait de la Nouvelle-Zélande et nous commençons à nous refaire quelques scènes du Seigneur des Anneaux. On ne serait pas un peu en manque de films ?! Le lac au pied de Te Anau invite à la contemplation. Malgré une ambiance ultra-touristique, la majesté du paysage impose le respect et après avoir fait le plein d’eau, nous nous mettons vite en route vers Milford Sound, l’un des très célèbres fjords, que nous avons prévu de découvrir en bateau le lendemain.

Comme tout est toujours parfaitement organisé en Nouvelle-Zélande, le camping « sauvage » n’est pas autorisé dans la réserve de Milford Sound mais plusieurs camps sont mis à disposition le long de la route et nous décidons de nous rendre au dernier pour minimiser la route le lendemain matin. La douloureuse a du mal à passer (13$/personne pour un emplacement sans aucune intimité et des toilettes sèches surutilisées par rapport à ce dont nous avons pris l’habitude), même si nous savons que ce forfait gouvernemental permet l’entretien du parc et des installations, nous rechignons un peu.

Mais la découverte du fjord au petit matin nous met d’excellente humeur et nous partons enthousiastes vers l’embarcadère où nous devons trouver notre bateau. Comme nous l’explique notre guide, le lieu s’appelle Milford Sound mais c’est bien un fjord. Un sound est une vallée qui a été creusée par une rivière et a donc une forme en V, alors qu’un fjord a été formé par un glacier, c’est une ancienne vallée glacière qui a donc une forme en U. La région de fjordland est en fait constituée de nombreuses anciennes vallées glacières que la mer de Tasmanie est venue ensuite remplir. Nous voguons donc dans un immense ancien glacier dont les falaises abruptes, pour ne pas dire verticales, plongent de 1700m de haut dans la mer. Les quelques arbres qui constituent une forêt précaire sont parfois pris dans des avalanches d’arbres le long des falaises, ce qui crée un paysage unique. Le temps, plutôt capricieux, de cette région apporte une importante masse de pluie qui alimente des cascades majestueuses le long du fjord, et crée également un écosystème particulier par cette masse d’eau douce qui se mêle à l’eau salée, favorisant la présence de dauphins, phoques et pingouins.

Milford n’a pas failli à sa réputation. Nous avons démarré la matinée dans la brume, créant un paysage énigmatique et légèrement mystique. Les animaux étaient au rendez-vous également, hormis les dauphins. La mer Tasmane était houleuse. Et au retour Milford a eu la délicate attention de se dévoiler un peu plus, laissant apparaitre ici et là quelques sommets enneigés pour notre plus grand plaisir. C’est ainsi que nous avons rebaptisé Milford Sound, Milfjord !

Après la découverte du fjord par la voie nautique, nous avions prévu une excursion terrestre avec une partie de la randonnée de la Milford Track, l’ascension du Key Summit. On a trouvé le sommet, mais pas la clé des nuages. Ils étaient tous là, bien posés sur la vallée. Comme dirait nos rencontres québécoises, il a fait très beau, il ne pleuvait pas. Vu comme ça, effectivement, nous avons eu très beau temps. 3h de rando sans pluie, mais sans véritable vue. Ceci dit, nous avons apprécié cette balade au milieu de la forêt humide néo-zélandaise et de ses fougères géantes, avant de se retrouver en surplomb dans une végétation plus alpine, et parsemée de tourbières. Comme si partout où les Anglais ont décidé de s’installer, il y avait matière à faire du whisky !

Nous avons donc repris la route de Te Anau, et le facétieux soleil kiwi est brutalement ressorti, nous dévoilant à nouveau la magnifique route de cette ancienne vallée glacière. Un régal pour les yeux. Te Anau, ti amo !

· DE QUEENSTOWN A WANAKA, LA BEAUTE DES LACS

Après une nuit en free camp au bord de la rivière à Mossburn (ça ne s’invente pas et Mathieu en rigole encore), nous avons pris la route de Queenstown, cette ville qui semble enchanter tout le monde. On ne savait pas pourquoi et on était un peu sceptique. Mais la route qui mène à Queenstown et qui longe l’incroyable lac Wakatipu est tout simplement sublime. On pourrait faire une comparaison avec le lac d’Annecy en beaucoup plus grand et sans aucune habitation, mais ce ne serait pas rendre justice à Wakatipu, 2ème lac le plus pur du monde.

Et là, on n’a pas résisté. Le soleil brillait fort et on a eu envie de faire une pause yoga. La séance yoga s’est poursuivi par une pause pique-nique, puis une pause baignade, et la pause est devenue une longue halte au bord de ce lac magnifique. Eau cristalline, température fraîche mais soleil à la sortie du bain, petite plage de galets déserte et face à nous, toujours ces immenses falaises plongeant dans les eaux d’un bleu profond. On commence à avoir vu pas mal de lacs, mais là, on ne peut pas être blasé.

On pensait dépasser Queenstown mais on a eu envie de voir l’intégralité du lac et on a donc poussé jusqu’à l’autre extrémité du lac, quelques 100 km plus loin à Glenorchy. En effet, les berges du lac s’étendent sur 212km et la profondeur maximum est de 379m avec une moyenne de 320m, autant dire que ça plonge droit. Il a également une forme très originale en S ou en éclair, pour laquelle les Maoris ont bien sûr une légende. La route qui serpente jusqu’à Glenorchy dévoile des paysages à couper le souffle avec le lac bleu indigo, les montagnes vertigineuses, et des sommets enneigés en toile de fond. Il ne manque que les hobbits, Gandalf, Aragorn et les orques, et on s’y croirait.

Queenstown, qui fut fondée essentiellement pour la prospection d’or dans les années 1850, avant d’être oubliée vers 1900 avec l’épuisement de l’or, est devenue « the place to be ». Il est vrai que s’en dégage une énergie particulière, sûrement liée aux très nombreux sports d’aventure disponibles alentour : kayak, rafting, saut à l’élastique, canyoning, base jump, et bien sûr toute la panoplie de sports d’hiver dès que la neige pointe le bout de son nez. Nous y sommes passés le jour de la Saint-Patrick et les bars étaient remplis de jeunes et moins jeunes arborant des déguisements verts. Une ambiance festive et bon enfant. Queenstown, ça boome !

· DES GLACIERS SUR LA MER

Mais nous avons dû laisser là l’effervescente Queenstown pour prendre la direction de Wanaka où nous attendaient d’autres lacs et d’autres montagnes dont une randonnée au Mount Aspiring pour découvrir le glacier Rob Roy. Et c’est là que le temps s’en est mêlé. Devant la chape grise et la pluie incessante, nous avons abandonné la rando de Rob Roy et pris directement la route vers d’autres glaciers plus au Nord en espérant avoir plus de chance. C’est à travers une route sinueuse pendant près de 6h, passant entre d’immenses lacs, près d’innombrables cascades et longeant la côté ouest sauvage que nous avons atteint le glacier de Fox. Bien que le temps était de la partie sur toute la route, les montagnes retiennent bien souvent les nuages et sont donc rarement ensoleillées et dégagées, nous avons pu toutefois faire une petite marche d’approche du glacier d’à peine ½ heure pour avoir une vue imprenable sur le glacier Fox qui se termine a à peine 260m d’altitude et seulement 15km de la mer, du jamais vu pour nous ! Malgré une nuit et une journée complète d’attente, nous n’aurons pas eu de chance avec son grand frère, le glacier Franz Josef qui ne sortira pas des nuages pour nous… Petite envie tout de même, ces glaciers, très faciles d’accès offrent la possibilité d’aller faire des randonnées sur glace, jusque-là nous étions super motivés, malheureusement, cela se fait seulement via une dépose en hélicoptère et là, c’est le budget qui nous a stoppé, il faut compter un peu plus de 300$ pour le drop et ajouter la location de matériel plus le prix du guide… Bien trop onéreux pour des tour-du-mondistes comme nous !

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