Tranches de vie – Laos

Comme dans chaque pays, le Laos a eu son petit lot d’anecdotes, même si plus habitués de l’Asie du Sud-Est, nous avons certainement eu moins de chocs culturels que dans d’autres pays. A nouveau, nous remercions aussi JB qui nous a donné de nombreux éclairages culturels et nous a permis de mieux décrypter des comportements que nous avons plusieurs fois observés en Asie, mais dont nous ne comprenions pas forcément les fondements.

Pour commencer par le commencement. JB vit au Laos, où il s’est marié, vient d’avoir un petit Joseph et vit dans sa belle-famille où il a été très affectueusement accueilli, en attendant la construction de sa maison. Il a donc un vécu riche et nous a donné quelques explications fascinantes sur la relation des lao au temps et au travail.

· L’HEURE OCCIDENTALE OU L’HEURE LAO ?

Pour commencer, les laotiens vivent véritablement le moment présent. Dans cette incroyable capacité que nous autres occidentaux essayons de redévelopper à grand renfort de yoga, méditation, ateliers de mindfulness et autres grands outils de développement personnel, c’est un talent naturel pour le laotien. Cependant, ceux-ci y laissent toute notion d’anticipation. Non pas que le futur soit tabou comme chez les kameul, mais plutôt que demain, ce n’est pas aujourd’hui.

C’est, ainsi, que demandant à un laotien si les temples seraient fermés pendant la fête nationale qui avait lieu le 2 décembre nous n’avons jamais réussi à obtenir de réponses, avant d’être le jour même de la fête.

Pour renforcer cette notion un peu différente du temps, et de la vie, JB nous a également expliqué que jusqu’à récemment (quelques dizaines d’années), les lao n’avaient pas les minutes. Un rendez-vous à 10h pouvait donc être entre 10h et 10h59. JB fait donc toujours attention à préciser qu’il s’agit de l’heure occidentale quand il donne un rendez-vous. On connaissait le quart d’heure toulousain, et on a découvert l’heure laotienne.

· VIE PRO OU VIE PERSO ? LA VIE TOUT SIMPLEMENT

Pour nous qui avons toujours eu comme casse-tête de trouver le meilleur équilibre vie pro / vie perso, thème au combien à la mode dans notre société en ce moment, nous nous sommes heurtés à une aberration pour une majorité de lao. En effet pour la plupart d’entre eux, leur lieu de vie est leur lieu de travail, et inversement. Combien de fois avons-nous vu des femmes en pyjama nous servir dans les échoppes qui ne sont qu’une pièce de plus de leur maison, voire parfois même leur lieu de vie ? Notre meilleure anecdote sera sûrement un restaurant où entre le service des quelques clients, les ados de la famille, intégrés très tôt au business familial et faisant office de serveurs, venaient profiter de la vue, jouer aux billards mis à disposition des clients, ou faire la sieste au milieu des clients, et nous avons imaginé combien cela pourrait être choquant pour quelques formateurs en école hôtelière.

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A cela, JB nous explique que prendre du plaisir au travail est très important pour les lao. Ce qui explique apparemment un fort taux d’absentéisme, ainsi qu’un fort turnover car ils n’hésiteront pas à changer si cela ne leur convient pas. Quand nous demandons à JB ce qu’il en est pour les familles à la campagne où les enfants n’ont pas vraiment le choix du travail, il nous explique que la famille et la communauté sont la priorité absolue. Le plaisir individuel vient après le besoin collectif. Nos questions d’occidentaux semblent ici complètement aberrantes ou hors de propos tant le référentiel est différent. Sans présumer de ce qui rend vraiment heureux, nous pouvons, en tout cas, témoigner que les lao sont extrêmement souriants et qu’ils semblent très souvent s’amuser, même de petites situations. Pas besoin de séance de sophrologie ni de yoga du rire.

 

· « MAIS OÙ SONT MES TONGS ? »

Jean-Baptiste nous a officiellement autorisé à divulguer cette anecdote. C’est donc avec plaisir et encore le sourire aux lèvres que nous vous la livrons.

dscn6960Quand nous lui demandons ce qui est le plus dur pour lui dans ce changement de vie, nous nous attendions sûrement à la vie avec la belle-famille, le manque d’intimité ou sûrement les difficultés de communication, mais nous ne nous attendions certainement pas à cette réponse : « mes tongs ! J’en ai marre de chercher mes tongs. La notion de communauté va très loin. Je laisse mes tongs devant la maison, et le 1er qui sort et qui a besoin de tongs prend les premières qui passent. J’ai beau leur expliquer, elles continuent à disparaître. C’est pas pour la valeur des tongs, c’est juste que je veux avoir mes tongs quand je sors. Mais j’ai trouvé la parade, maintenant je les attache avec des lacets. Comme ça prend du temps de les défaire, ce n’est plus les miennes qu’ils prennent en premier ! »

Quand on connaît la gentillesse, la bienveillance et le calme de JB, on sent que ce sujet touche à des valeurs et que l’adaptation culturelle, c’est bien, mais qu’on ne peut pas transiger sur tout ! On kiffe !

· PHII ou MAISON AUX ESPRITS

Quand on traverse le Laos, on voit bien que le bouddhisme est devenu la religion prépondérante, mais comme dans les autres pays, il y a eu une adaptation aux croyances antérieures. Dans les minorités ethniques, l’animisme reste la croyance prévalente, et pour les autres, on trouve de curieux mélanges. Nous avons eu un petit coup de cœur pour ces petits autels que l’on trouve à l’extérieur des maisons lao, qui abritent les esprits et qui permettent ainsi de les nourrir, de les calmer et surtout qu’ils ne rentrent pas dans la maison.

· PALMARES DU TRAJET POURRI

A la fin de notre périple, nous ferons sûrement un palmarès PIRE / MIEUX des trajets, des chambres d’hôtels… Mais comme nous approchons de la moitié, nous pouvons déjà faire un 1er palmarès et le Laos remporte déjà 3 palmes du pire et du mieux.

  • Meilleur trajet : le Laos, Vientiane-Luang Prabang dans le meilleur bus que nous ayons eu jusque-là. Bus couchette avec 3 rangées de 2 étages avec siège inclinable quasi à 180°.
  • Pire trajet :
    • Dans la catégorie « flippant » : le Népal, Jomson-Pokhara
    • Dans la catégorie « interminable » : Népal-Inde, 23h de torture
    • Dans la catégorie « inconfortable » : le Laos, 4h30 en tuk-tuk entre Kong Lo et Tha Tek, au secours !
    • Dans la catégorie « inefficace » : le Laos, Tha Kek-Pakse ou comment mettre 11H pour parcourir 320km sans aucun dénivelé. Une route plate et droite, mais avec quelques trous ! A priori, rien de bien compliqué pour un véhicule «normal», mais c’était sans compter sur le King of Bus, qui n’avait de King que son nom, ou du moins un véritable king de la panne. Nous avons totalisé 5 arrêts dont 4 changements d’amortisseurs qui dataient sûrement du royaume de Champasak (comprendre d’il y a plusieurs siècles !), tout cela pour finir notre trajet dans des rebonds dignes de kangourous. Même arrivés, nous avons continué à rebondir pendant le reste de la soirée.

4 réflexions sur “Tranches de vie – Laos

  1. Ping : Sud Laos, de Vientiane aux 4000 îles – Mythe the World

  2. Montréjaud-Vignoles Mireille

    Génial les Tongs! Au dojo, il y a toujours une série de Tongs collectives que l’on emprunte pour aller aux toilettes qui sont dehors et qui ne rentrent jamais dans le dojo…Je parle de Toulouse, en France!

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