Jaipur, la ville rose

Un nouveau train et une nouvelle classe testée : les sièges avec air conditionné, dit CC class. Pour le coup, on valide ! 4h de trajet où nous avions peur d’avoir faim, mais nous avons eu dans l’ordre : un snack (thé, club sandwich, beignet fourré aux lentilles, petit dessert), puis un apéro (gressins et soupe de tomate), puis un dîner (riz, lentilles, curry, chappattis et gulab jamun en dessert) … Alors certes, on est arrivé tard à Jaipur, mais rassasiés. Tant mieux, car le programme du lendemain s’annonçait chargé, et nous voulions dormir le plus vite possible pour se lever tôt et profiter au maximum de Jaipur, la ville rose. Au grand désarroi de Charlotte, Toulouse n’a pas le monopole de la Ville Rose.

·      FORT D’AMBER

Ayant négocié un tuktuk pour la journée (on s’améliore au fur et à mesure), nous avons filé directement au Fort d’Amber à l’ouverture, un petit moment de paix avant la cohue. Et pour profiter au mieux, nous avons aussi négocié un guide officiel pour nous conduire dans les dédales du Fort.

La construction de l’extraordinaire citadelle d’Amber fut entreprise en 1592 par le Maharaja Man Singh, qui était le commandant rajput de l’armée d’Akbar (ça, c’est toujours pour voir si vous suivez : l’Empereur moghol à l’origine des forts de Fatehpur Sikri et Agra). En effet, son 1er palais étant trop petit pour lui et ses 12 femmes, la nouvelle citadelle devait comprendre 12 appartements pour ses 12 femmes. Man Singh avait construit le Palais au XVIème siècle dans le style hindou, avec des représentations humaines et animales. On y trouve très peu de ces éléments car l’intégralité a été ensuite recouverte à la chaux par son petit-fils Jai Singh, afin de contenter les Moghols, de religion islamiste, qui ne toléraient pas ces représentations. Jai Singh qui fit ensuite agrandir le Palais au XVIIème siècle, mélangea le style musulman et hindou, ce qui donne un ouvrage de toute beauté. Cette fois, ce n’était pas que pour montrer son allegeance aux Moghols, mais surtout pour faire plaisir à son épouse favorite, d’origine perse.

Nous avons adoré la visite avec notre super guide Ravee, de souche brahmane, l’annonçant avec fierté bien sûr, et le montrant dans sa tenue élégante et sa manière de marcher. Quant à nous, nous l’avons observé de par la déférence que tous les employés du Fort lui témoignaient.

Il nous a magnifiquement raconté de nombreuses anecdotes et nous nous sommes sentis transportés à nouveau dans les siècles passés. Nous avons sillonné entre les salles d’audience avec les galeries à la persane, mais décorées en style hindou avec des éléphants, le sublime palais des miroirs avec fleurs et insectes stylisés (dont une représentation hindoue qui peut être à la fois fleur de lotus, poisson, scorpion, crabe…), la salle des plaisirs avec son jardin symétrique de style persan qui acheminait l’eau pour rafraîchir le palais, et bien sûr le quartier des femmes où le Maharaja pouvait se rendre dans l’un des douze appartements sans qu’on le voit… On sentait presque l’odeur de rose et de jasmin des rideaux sur lesquels les rajputs faisaient couler de l’eau pour rafraichir l’air pendant les fortes chaleurs. Un vrai voyage dans le temps et dans les sens.

·      WATER PALACE

On se contente de le regarder de la rive, et d’admirer de magnifiques oiseaux au milieu des… détritus. Toujours les contrastes indiens !

·      PALAIS ROYAL

Le Palais fut élevé par Jai Singh. On y retrouve le principe de la construction moghole avec les cours et jardins, mais aussi une influence rajasthanie. On ne peut pas visiter l’intégralité du palais car la famille royale y vit toujours. La curiosité principale du palais sont les 2 immenses jarres en argent, hautes de 1m60, qui trônent au milieu de la salle des Audiences privées. Elles sont réputées être les deux plus gros objets en argent du monde. Le maharaja y transportait l’eau sacrée du Gange lors de ses voyages en Angleterre. On plaint les porteurs !

On trouve également dans cet ensemble une collection de vêtements d’époque, dont l’équipement de polo de l’équipe royale, avec notamment une structure de balle de polo faite pour jouer la nuit. Comme ça, les femmes n’avaient pas besoin de porter de voile…  L’armurerie renferme l’une des plus belles collections d’armes du pays, dont les fans de Tintin penseront bien sûr au katar (Spéciale dédicace à Julien et Jordane : on a retrouvé les coutindoux !)

·      JANTAR MANTAR – l’observatoire royal

Un lieu improbable au cœur de Jaipur, de l’autre côté du palais royal. En effet, Jai Singh était passionné d’astronomie, plus encore que de guerre et d’urbanisme. Il envoya des émissaires étudier les instruments de l’époque et fit ensuite construire 5 observatoires en Inde, dont le mieux conservé est celui de Jaipur. On y trouve des instruments immenses, très précurseurs, qui permettaient de donner avec beaucoup de précisions l’heure, la saison… mais surtout la position précise de divers objets célestes. Bluffant !

·      HAWA MAHAL – le palais des femmes

Un magnifique palais en grès rose en plein milieu de la vieille ville, qui permettait aux femmes du harem d’observer le spectacle de la rue et les processions sans être vues. Un vrai visionnaire le maharaja Sawai Pratap Singh, il avait déjà compris en 1799 qu’il valait mieux donner des occasions de divertissement aux femmes du harem.

·      PROMENADE DANS LA VIEILLE VILLE

Dans notre programme assez intense sur Jaipur, nous voulions absolument faire une promenade dans la vieille ville, pour invalider ce statut forcément usurpé de ville rose. Alors voilà le bilan. Ce n’est pas le même rose. Les briques de la Garonne restent irremplaçables ! En revanche, on doit avouer qu’il y a une belle unité rosée, tendance rose saumoné, et que cela donne une ambiance ultra chaleureuse. Nous avons aimé nous balader dans les ruelles de la vieille ville, entre les bazars et les magnifiques monuments historiques. Les ruelles ayant été pensées avec la symétrie chère aux perses, il est même plutôt facile de s’y repérer. On a même eu le temps de goûter quelques douceurs locales excellentes !

·      RAJ MANDIR – Cinéma

L’un des plus grands cinémas d’Asie. Pour les cinéphiles que nous sommes et privés de télé depuis bientôt trois mois, il nous semblait incontournable d’aller y voir un film en hindi, surtout que nous avions un peu de temps à tuer avant un nouveau train de nuit à 23h45. Une seule salle et un seul film à l’affiche. Ce n’est donc pas forcément que du Bollywood.

Le cinéma est kitch à souhait. Nous avons pris un énorme cornet de popcorn avant de nous plonger dans le film de 3h en hindi, retraçant l’histoire d’une star de cricket indienne. Ce n’était pas un bollywood à purement parler, mais l’ambiance dans la salle était déjà pas mal : éclats de rire sans retenu, commentaires à voix haute, et applaudissements. Très amusant.

Contrairement à nos appréhensions, surtout liées au fait que Jaipur soit une grande ville (3M d’habitants et capitale de l’état du Rajasthan), nous avons plutôt trouvé l’ambiance agréable. Il est clair que comme partout en Inde, c’est le bazar, la saleté est là, et l’agitation aussi, mais nous avons eu le sentiment de pouvoir déambuler de manière plutôt détendue au sein de la vieille ville. En revanche, le quartier de la gare nous a remis face aux réalités de l’Inde : des centaines de gens couchés devant la gare, pour certains tout simplement dans l’attente d’un train, pour d’autres, on comprend vite que cet emplacement est un lieu habituel de sommeil, et même quand on s’y est préparé, ça prend aux tripes !

4 réflexions sur “Jaipur, la ville rose

    1. Alors d’où provient la couleur rose, on ne saurait te l’expliquer, mais ce que l’on sait c’est que c’est le maharaja Ram Singh qui fit repeindre la ville en 1876 pour recevoir le prince de Galles (futur Edouard VII ) La loi impose désormais aux résidents de préserver la couleur de leur façade.

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